Sa vie, son oeuvre
Grand coloriste, Allan Österlind pratiquera avec aisance la peinture, l'aquarelle puis la gravure.
Aquarelliste audacieux, et considéré alors comme un maître inégalé en la matière, il ne reculera pas devant les grandes tailles, tel le Portrait de Rodin dans son atelier. Graveur fin et précis, il réussira des eaux-fortes en couleur de scènes de genre, de paysages de Bretagne, d'Espagne ou de Suède, et à partir des années 1890, de portraits féminins.
August Strindberg dira de lui qu'il fut "le meilleur peintre de la Suède". Et la France lui décernera plusieurs distinctions artistiques et la Légion d'honneur.
Venu en France, comme nombre d’artistes scandinaves dans les années 1875-1885 pour y apprendre la peinture de plein air, Österlind y restera. Il y fondera une famille, et s'insèrera dans la société française, plus particulièrement parisienne où sa bonne connaissance du français et son charme lui ouvriront bien des portes.
Issu de la grande bourgeoisie – son père était directeur de la banque Royale de Suède -, Osterlind restera, toute sa vie, égal à ce qu'il était dans ses vingt ans : bohême élégant, indifférent aux conditions matérielles, et préférant les chemins de Bretagne et de la Creuse aux habitats confortables. Ses itinérances l’amèneront à rencontrer Guillaumin, Monet, Ernest Renan…
Ses trois enfants s'inscriront dans son sillage artistique: Annette (1882-1954) illustratrice de mode et costumière, Anders (1887-1960) paysagiste, Yves (1892-1937) peintre. Son petit-fil Nanic Osterlind (1909-1943) sera aquarelliste.
1855-1877 De la naissance à l’arrivée en France
1855 - Naissance, le 3 novembre, d’Erik Allan Auguste Österlind, dit Allan Österlind, à Stockholm (Suède), fils de Per August Österlind et de Johanna Petranella Skoog, notables suédois.
1873-1883 Elève sculpteur - Débuts en peinture - Rencontres décisives
.1873 à 1875 – Après une préparation à « l’école des principes », il est élève sculpteur à l'Académie royale des arts de Stockholm.
1876 - 1879 – Part pour Paris et l’Ecole des beaux-arts, dans l'atelier du sculpteur Pierre-Jules Cavelier. Celui-ci l'oriente vers le dessin et la peinture. Ses étés se passent à Barbizon et Grez-sur-Loing en compagnie d'autres jeunes artistes scandinaves adeptes de « Claire peinture » : Ville Vallgrens, Carl Hill, Per Ekström, Erikson, et encore Walberg, Törna, Hugo Birger et d’autres encore, parfois aussi, le docteur et écrivain Axel Munthe.
Très tôt, Allan Österlind se révélera excellent portraitiste, à l'huile, au dessin ou à la pointe sèche,
1879 – Rencontre Joséphine Eugénie Carré (1862-1916) qu’il épousera en 1889 et avec laquelle il aura quatre enfants : Anna Celina (1882-1953), Anders Örm (1887-1960), Yves (1892-1937), et Marguerite décédée à sa naissance.
1880 – Expose pour la première fois. Son ami Ernst Josephson réalise son portrait en élève sculpteur.
1882 – Séjourne à Carolles (Manche) où naît sa fille Anna-Célina, dite Annette.
1883 – Participe au concours de l’académie Julian. Rencontre Armand Dayot, futur inspecteur des Beaux-Arts, à Saint Briac en Bretagne. Personnage clé de la vie culturelle, celui-ci aura un rôle significatif dans l’introduction de son ami Österlind dans les milieux artistiques de la capitale de la fin du siècle,
1884 – 1889 : Osterlind membre actif des "Gars de Paris"– Premiers séjours dans la vallée de la Creuse et en Bretagne – Reconnaissance artistique.
1884 - 1885 – Prend part aux réunions des « gars de Paris », Au café « Jésus Syrach », rue Jacob à Paris, pour organiser le mouvement des Opposants à l’Académie des Beaux-Arts suédoise. Cette colonie d'artistes scandinaves forme jusqu'en 1890 un essaim agité dont Allan Österlind n'est pas le plus calme. Il y noue des liens serrés avec Ernst Josephson, Per Ekström, Ville Vallgren, Christian Skedsvig, August Strindberg et le prince Eugen de Suède. Participe à l’exposition de Stockholm « Depuis les rives de la Seine », événement marquant dans l’histoire de l’art moderne suédois. Séjourne à Gargilesse dans la vallée de la Creuse.
1886 – Séjourne à Tréboul, en Bretagne où il retrouve Louise Breslau, en Suède, puis en Creuse où il réalise la grande toile « La veillée mortuaire », achetée par l’État au Salon de 1887. Devient membre de la Fédération des artistes suédois, issue des Opposants et initiatrice d’expositions en Suède et à l’étranger. Il restera fidèle à ce mouvement et ces artistes, en particulier, à Ernst Josephson — qu'il emmènera peindre avec lui en Bretagne et en Creuse — et à August Strindberg qu'il recevra régulièrement à sa table parisienne et qu'il soutiendra jusqu'à son procès. Expose à Göteborg, « un accident au village » toile peinte en Creuse en 1886.
1887 – Naissance de son fils Örm (Anders) à Lépaud (Indre). Eté en Bretagne. Se voit décerner une mention honorable lors du Salon de la Société des artistes français, où il présente « Le baptême » (Athenaum d’Helsinki), et « la veillée mortuaire » (musée de Charleville). Durant toutes ces années, vend aussi en Suède, par le truchement de son père, ou de son frère Emil.
1888 – Rapatrie en Suède Josephson sombrant dans la folie. Armand Dayot propose à Rodin qu’Österlind fasse son portrait « « Mon cher ami, ... j’ai fourré dans ma caboche de Breton l’idée que mon ami Osterlind,… , fera votre portrait dans votre atelier, avec votre paletot de velours bleu, et que votre portrait figurera au Musée du Luxembourg, ... ». Expose « Fin de journée », toile peinte à Bréhat, au Salon de la Société des artistes français.
1889 – Mariage avec Joséphine Eugénie Carré, mère de ses enfants. Rencontre Monet lors d'un séjour en Creuse. Réalise un portrait de Rodin : « Cher Maître, Je suis rempli de joie devant la faveur que vous me faîtes Je viendrai demain dimanche disposer un peu la chose et voir comment faire le dessin. Dayot m’a promis d’écrire le texte. (… ) Enfin, je ne vous embêterai pas trop et vous me mettrez à la porte quand vous voudrez. ». Lors de l'Exposition universelle, où les Scandinaves sont fortement présents, il expose sept aquarelles dont le Portrait de Rodin, et deux huiles, le Baptême et Mal de dents. Reçoit une médaille d'argent. Et la Gazette des Beaux-Arts le qualifie de « conteur délicat du « baptême » et de « charmant humoriste du mal de dents ».
1890-1900 - Liens avec la Suède - Séjour en Andalousie - Strindberg - Contacts avec les impressionnistes et le groupe de Pont Aven - Travaux et expositions.
1890 – Séjourne en Suède. Fin de sa participation au Salon des artistes français. Adhère à la jeune Société nationale des beaux-arts tout juste créée par, entre autres, Ernest Meissonier, Auguste Rodin et Pierre Puvis de Chavannes. Il y exposera jusque dans les années 1920 des peintures, des aquarelles, puis des gravures. Rencontre Armand Guillaumin lors d'un séjour dans la vallée de la Creuse, un an après sa rencontre avec Monet. A Paris, aux Batignolles, est voisin de Renoir, qui promène son fils au Luxembourg.
1891- Travaille, à Stockholm, avec Per Ekström au Birger Jarls basar, des ateliers de la Fédération des artistes. L'occasion d'entretenir ses liens d'amitié avec August Strindberg. Adhère à la Société suédo-norvégienne de Paris, le futur Cercle suédois. Organise à Bréhat avec Armand Dayot le grand banquet républicain de 300 couverts autour d’Ernest Renan.
1892- Naissance de son dernier fils, Yves à l’île de Bréhat. Fréquente là le groupe de Pont Aven : Maufra, Charles Le Goffic, Anatole Le Braz, Ary Renan, Armand Dayot.
1893 – Mort de son père. Séjour en Andalousie, à Malaga et Séville notamment, d’où il rapportera de nombreux éléments pour ses futures gravures et aquatintes dont Le Soleil (Helsinki, Musée Ateneum) et Les Gitanes (Musée des Beaux-arts de Reims).
1894 – Met Strindberg, de passage à Paris, en lien avec le monde de la presse et du livre. Refuse la proposition de Strindberg d’illustrer la traduction française de son œuvre Les créanciers. Séjour breton avec Georges Charpentier et Sarah Bernardt.
1895 – Devient chevalier de la Légion d'honneur au titre des Affaires Etrangères. Séjour en Creuse.
1897 – Est exclu de la Fédération des artistes de Suède au motif qu’il n’y expose pas assez.
1900- 1914 - La Société Moderne des Beaux-Arts» - Gravure en couleur – Itinérances artistiques- quelques expositions – Allan Osterlind à distance de la nouvelle vague scandinave.
1900 – Expose à la « Société Moderne des Beaux-Arts » nouvellement créée des aquarelles sur des scènes anecdotiques alors à la mode, qui lui valent ce commentaire (Arts Décoratifs - décembre 1900) : « M. Osterlind n’expose que des aquarelles, telles « l’auscultation », « la rebouteuse », (…), « le mal de dents ». C’est bien là, l’observation incisive, l’ardent coloris, le dessin ferme du maître suédois qui a peint jadis la vie rustique de la Bretagne avec tant de sincérité et d’émotion ... »
1901 – Démissionne de l’Association des artistes suédois. Séjours en Creuse et en Espagne. Expose au Salon de la S. N. B. A. et dans une galerie parisienne.
1903 - Devient sociétaire du Salon annuel de la gravure originale en couleur, créé par Rafaëlli. Long article d’Henri Frantz sur ses eaux fortes dans la revue anglaise The Studio.
1905 – Mariage de sa fille Annette avec Edouard Sarradin, rédacteur au journal des Débats et futur conservateur du musée de Compiègne. Séjours en Creuse, Normandie et Espagne.
1907 – Pneumonie de son fils Anders qui a besoin d’être soigné dans le midi. Pour financer le voyage, Österlind demande à Rodin de lui trouver un client pour une de ses œuvres.
1909 - 1911 - Séjours à Penvern en Bretagne. Réalise la grande toile La Présentation de la population à Notre-Dame de la mer et le triptyque Le Printemps de la vie, qu'il apporte à l'école Katarina de Stockholm.
1913 – Après une absence de plusieurs années, expose à la S.N.B.A « Les Servantes » qui lui vaut ce commentaire de Guillaume Apollinaire : « Je goûte avant tout, dans cette salle, la toile « Les Servantes » d’Osterlind, d’un métier simple, large, d’une précision si indépendante. »
1914 – 1938 La guerre - Disparition de ses camarades de jeunesse - - derniers séjours dans le midi, en Creuse et à Bréhat.
1914 – Séjourne à Cagnes-sur-Mer, dans le Midi, puis en Bretagne. La guerre le surprend à Bréhat qu’il doit évacuer pour Plougrescant, sur la côte à quelques kilomètres de là : « Nous avons été, avec tous les étrangers, chassés de Bréhat, car toutes les maisons devaient servir pour y installer des soldats. Je suis désolé d’être réduit à l’état de déchet militaire ; mon cœur s’est déjà ressenti de toutes ces misères...... que Dieu vous protège. Vive la France ! ». Yves entre dans les fusiliers marins, Anders est ambulancier, Allan s’occupe des blessés à Tréguier.
1916 – Décès de sa femme Eugénie. Allan s’installe rue Campagne-Première chez son fils Anders.
1917 - 18 - Séjourne à Cagnes sur Mer.
Années 20. Disparition de ses camarades de jeunesse : après Josephson en 1898, Larsson et Bergh en 1919, Zorn en 1920, Hagborg en 1921, Nördström en 1923, Skredsvig en 1924, et en 1923 l’ami Johanson.
1922 à 1938 – Alterne des séjours entre Paris, Compiègne, la Creuse, et Bréhat où il laisse une collection de portraits peints sur verre des habitants de l'île, à l’Hôtel Central Les Décapités.